Publié par La Frap - Le 16/09/2025

Face aux baisses de subventions, les radios associatives diversifient leurs ressources mais ne peuvent pas tout compenser

Ces derniers mois, les radios associatives des Pays de la Loire ont connu des baisses importantes de subventions et ressources financières. En cause notamment, 165 832 euros d’aides en moins de subventions de la région, sur l’année 2024, pour l’ensemble des radios des Pays de la Loire, par rapport ce qui était prévu dans la convention en vigueur jusqu’ici. Et plus aucune aide de la région pour 2025. À cela s’ajoute une baisse des financements publics d’autres collectivités et d’aides pour l’Éducation aux médias.

Dans ce contexte, les radios associatives ont dû réagir, parfois dans l’urgence, pour maintenir leur activité et imaginer des solutions afin de diversifier leurs ressources. En tant que radios de catégorie A, les radios associatives ont une mission de communication sociale de proximité. La publicité ne peut pas représenter plus de 20% de leur chiffre d’affaires. La recherche de nouvelles formes de financement n’a pas vocation à remplacer les financements publics, mais elle permet d’explorer de nouveaux moyens de se faire connaître, attirer des dons et/ou développer de nouvelles activités.

Voici trois exemples au sein des radios de la FRAP, avec Graffiti, Jet FM et Radio Naoned.

Graffiti diversifie ses formats de soutiens

Après avoir lancé un appel aux dons, via HelloAsso, en décembre, la radio Graffiti a imaginé d’autres formats de soutien, en étalant ses actions pour maintenir une communication tout au long de l’année. En février, Graffiti a mis en vente 100 kits de soutiens sur sa boutique en ligne, toujours via HelloAsso. Ce kit comprenait : un écusson thermocollant pour mettre sur une casquette, un blouson ou une doudoune sans manche, un sticker et un magnet. La quasi totalité a été vendue en quelques mois (avec une limite de 2 kits max par personne). Ensuite, en juin, la radio a mis en vente des T-shirts. Puis, le 5 juillet, une soirée de soutien a été organisée avec Le Grand Duc, bar culturel à Apremont, et l’association Stéréophobie.

Opération réussie pour la radio. « Ces actions nous ont permis de tester la capacité de soutien de nos auditeurs et auditrices. Nous avancions à l’aveugle avec la peur de l’échec. Les retours ont été très bons. L’appel aux dons et le kit de soutien sont des actions que nous allons essayer de renouveler chaque année », affirme Lyonel Bernard, directeur de la radio. Selon lui, les clés de ce succès sont la communication et le soutien de leurs communautés aux valeurs et au projet de Graffiti. 

Jet FM : une campagne de crowdfunding couplée à des événements

Jet FM était déjà sur un équilibre économique fragile lorsque que sont intervenues les baisses brutales de subventions publiques, notamment celle de la Région Pays de la Loire. L’équipe a été contrainte de procéder à deux licenciements économiques en 2025. Face à des problèmes de trésorerie menaçant la structure à court terme, la radio a lancé, dans une certaine urgence, la campagne de crowdfunding « Sauvons les oreilles » au printemps 2025.

« Nous avions besoin de mobiliser le réseau et les auditeurs et auditrices. Il se trouve que je venais de suivre un module de formation sur la diversification des ressources via la FRAP, qui a été utile dans la façon de penser cet appel aux dons. Malgré le contexte, nous avons eu envie d’imaginer une communication plutôt positive, qui parlait de la radio et ce qu’on y défendait, et non pas seulement de nos difficultés financières. Jet FM est très attachée à la création sonore sous toutes ses formes. Nous avons souhaité communiquer sur la défense d’une alternative à ce qu’on entend ailleurs », explique Valentine Chevalier, chargée de la coordination, du développement et de l’administration à Jet FM.

Cette campagne a proposé des contreparties en lien avec la radio : bisou sonore, programmation d’un morceau, formation sonore, remerciements radiophoniques etc… Les bénévoles se sont mobilisés sur la communication et pour décliner, en parallèle du crowdfunding, des événements et soirées de soutien : vide-grenier musical, karaoké live, programmation des créateur.ices sonores et musicien.nes de Jet, bar aux Rendez-vous de l’Erdre.

Au total, ces différentes actions ont permis de rapporter à la radio 15 069 euros au premier semestre 2025. « Non seulement cette campagne a offert une vraie respiration financière pour la structure, mais ça a aussi été d’un grand réconfort pour l’équipe permanente et le Conseil d’administration, qui passaient un moment difficile. », affirme Valentine Chevalier.

Selon elle, le réseau d’auditeur.ices et de créateur.ices fidèles de Jet, le message de la campagne et la diversité des formes de soutien (dons, crowdfunding, venue aux événements, relais sur les réseaux, créations de teasers, achats de CD, propositions artistiques au profit de l’asso, etc.) ont contribué à la réussite de ces actions.

Et après ? Une telle campagne de crowdfunding n’a pas vocation à être renouvelée régulièrement, mais la soirée de soutien organisée le 28 mai au Petit Café de Rezé a donné à l’équipe l’envie de continuer à organiser régulièrement des événements, pour mettre en valeur les projets sonores de ses bénévoles en dehors des studios.

Radio Naoned ouvre un studio de podcasts

Pour Radio Naoned, l’occasion de repenser son modèle économique s’est présenté quand la radio a eu besoin d’ouvrir un deuxième studio dans ses locaux à Nantes afin de développer ses activités radiophoniques et d’éducation aux médias, dans un contexte financier tendu. « On a eu l’idée de créer un studio idéal pour notre équipe et pouvant également être proposé à la location pour des besoins extérieurs. C’est comme ça qu’est né Enroll (qui signifie « Enregistre » en breton), un studio de radio pensé pour être adapté aux créations de contenu comme le podcast », explique Mélaine Looten, directeur de radio Naoned. Depuis le mois de février, son studio Enroll peut être loué pour diverses prestations d’enregistrements assurées par l’équipe de la radio.

En quelques mois, plusieurs prestations ont été sollicitées : enregistrements d’un podcast pendant deux mois par une entreprise, mais aussi shooting photo pour une association. Le bouche-à-oreille fonctionne, mais les deux salariés de la radio peinent a se dégager du temps pour amplifier la communication et le démarchage. « C’est un travail en plus et notre équipe est déjà très prise par son travail pour faire fonctionner la radio », explique Mélaine Looten.

Sachant que l’activité d’Enroll prend elle-même du temps : pour chaque personne venant enregistrer un podcast, il y a un temps d’accueil, de présentation, d’accompagnement à l’utilisation du matériel, de suivi. Il faudra donc que le projet perdure dans le temps pour amortir l’investissement, puis engranger petit à petit une nouvelle source de revenus.

Ce qui n’empêche pas l’équipe d’envisager, en plus, d’autres sources de diversification : « Le conseil d’administration de Radio Naoned proposait il y a peu de temps d’organiser des évènements pour récolter des fonds, c’est une piste que nous allons essayer de développer », affirme le directeur de Radio Naoned.

Deux autres initiatives récentes parmi les radio de la FRAP : Radio Jade propose désormais aussi un T-shirt, en vente pour 15 euros. Neptune a lancé en septembre une campagne de dons pour sauver ses emplois.

Une diversification qui ne saurait se substituer aux aides publiques

Pour les radios, les bénéfices de la diversification de ressources ne sont pas seulement financiers : cela permet de rassembler salarié·e·s et bénévoles, mais aussi leurs communautés d’auditeur·ice·s autour de projets fédérateurs. Tout en envoyant un message positif à leurs partenaires sur leurs capacités à innover et mobiliser.

Pourtant, ni Graffiti, ni Jet FM, ni Radio Naoned n’ont pu compenser, avec ces projets, les pertes de subventions publiques. Ce n’est d’ailleurs pas leur objectif.

« La majeure partie de nos actions n’a pas vocation à être rentable. À l’image de ce qui se passe à Jet, le monde associatif et culturel va perdre des emplois et proposer moins d’actions auprès des publics. C’est tout un modèle de société qu’il faut continuer à défendre pour que tout ça ne disparaisse pas », souligne Valentine Chevalier.

« Comme toutes les associations, nous essayons de survivre et de faire comprendre aux différentes collectivités que notre travail relève de missions de service public. Si les radios associatives n’assurent plus leur rôle de média de proximité, d’éducation aux médias et à l’information, personne ne le fera. Il est donc primordial que ce travail soit financé par de l’argent public », rappelle Mélaine Looten.

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