Le virus Zika a été détecté en juin 2016 sur un couple au CHU de Nantes. Il s’agit du premier cas de contagion par voie sexuelle sans qu’aucun des partenaires ne présente de symptômes.
Un article scientifique publié le 9 juin dernier sur le site www.eurosurveillance.org décrit le cas d’une femme contaminée par le virus Zika. Elle était suivie au CHU de Nantes dans le cadre d’une procréation médicalement assistée. En mars, pour les vacances, elle décide avec son compagnon d’aller en Martinique, une zone à risque. Trente-neuf jours après leur retour, les deux sont testés selon les recommandations de l’Agence de la biomédecine.
Le couple est serein, aucun d’entre eux ne présente les symptômes courants. Pourtant, le diagnostic tombe : ils sont tous les deux infectés. Les anticorps trouvés dans le sang de l’homme démontrent qu’il est tombé malade durant ses vacances, très certainement suite à la piqûre d’un moustique Aedes. Pour la femme, le virus est encore actif. Ce qui signifie qu’elle n’a pas été contaminée sur place mais en France, très probablement par voie sexuelle. Si des cas de contagion génitale sont déjà connus par le corps scientifique, le fait qu’aucun des deux partenaires ne présente de symptômes constitue une première.
Se protéger même si aucun symptôme ne se développe
Le virus Zika est souvent bénin. Il s’apparente à la dengue ou la fièvre jaune avec une éruption cutanée, de la fièvre, des maux de tête presque ophtalmiques, de la fatigue, ou encore des douleurs musculaires et articulaires. Les symptômes disparaissent souvent après une dizaine de jours, le temps que le malade fabrique des anticorps.
Néanmoins, la récente explosion de la propagation du virus est accompagnée d’une forte augmentation de microcéphalie fœtale et néonatale ainsi que du syndrome de Guillain-Barré qui lui, peut être mortel. C’est pourquoi les femmes enceintes ou les couples prévoyant de faire un enfant sont particulièrement visés par ces préconisations. Le dépistage se fait par RT-PCR sang et urines, un examen qui va amplifier le génome Zika pour le révéler.
Sophie Mirallié, praticienne hospitalière au service de biologie et de reproduction au CHU de Nantes rappelle : « ne présenter aucun signe ne met pas à l’abri de contaminer son conjoint ou sa conjointe ». La maladie étant asymptomatique dans 70 à 80% des cas, toute personne venant d’une zone endémique doit se présenter au dépistage. Si des symptômes surviennent, les tests devront se faire dans les 10 jours suivant leur apparition. Sinon, l’Agence de biomédecine recommande un diagnostic préalable pour toute procréation médicalement assistée. En attendant, il est conseillé à chaque individu d’avoir des rapports sexuels protégés.
Retrouvez ci-dessous l’interview du 14 juin 2016 de Sophie Mirallié, praticienne hospitalière dans le service biologie et reproduction au CHU de Nantes