En France, plus de 700 000 élèves, de l’école au lycée, sont victimes de harcèlement scolaire.
Une journée pour dire « NON au harcèlement à l’école» a été organisée, jeudi 5 novembre, par la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem. L’occasion pour le Ministère de l’Education de présenter un plan d’action pour les élèves victimes et pour leurs proches. Le gouvernement va généraliser la formation des enseignants. A cela s’ajoutent la mise en place d’un numéro vert le « 3020 » pour aider les victimes et la rénovation d’un guide contre le harcèlement. Pour accompagner cette campagne de sensibilisation, le gouvernement a commandé un clip vidéo à la journaliste Mélissa Theuriau.
Les enseignants demandent le retrait de la vidéo
Cette vidéo est visible sur la toile depuis lundi dernier. On y voit une salle de classe avec une institutrice faisant cours, le dos tourné aux élèves. Un groupe d’enfants en profite pour lancer des projectiles à répétition sur un de leur camarade. L’enseignante ne voit rien et eux continuent à l’humilier en l’insultant: « Minus, tu es nul, tu es la honte de la classe…». Le message du clip est loin de faire l’unanimité auprès des enseignants. Certains syndicats de l’Education demandent au ministère de le retirer. Bernard Valin, coordinateur académique du Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des écoles des Pays de la Loire (SNUipp-FSU) et enseignant au Collège Salvador Allende de Rezé, explique les raisons de ce mécontentement: «Comme si on passait notre temps au tableau […] on est dans une caricature […] comme si la classe était une zone de non-droit.» (interview complète ci-dessous) Selon lui, pour éviter ce type de violences, il faudrait diminuer le nombre d’élèves par classe afin d’organiser régulièrement des débats où tout le monde pourrait prendre la parole. Il préconise aussi la présence de plus de psychologues scolaires dans les établissements et des formations obligatoires pour tous les enseignants.
« Ce n’est pas de ta faute, c’est l’école»
Certains parents de victimes interviennent déjà dans les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes au harcèlement à l’école, telle que Marie-Pierre Destin, la mère de Jonathan. Originaire de Marquette-lez-Lille dans le Nord-pas-de-Calais, ce jeune adolescent s’est immolé par le feu pour mettre fin à ses jours, il y a quelques années. Les parents étaient alors dans l’incompréhension. Après deux mois de coma, à son réveil il déclare à sa mère : « Ce n’est pas de ta faute, c’est l’école». Pendant six ans, il a subi des violences verbales et physiques, des menaces à répétition. Aujourd’hui, il va mieux, il a même écrit un livre «Condamné à me tuer» publié en 2013. Marie-Pierre, sa mère, a décidé de se rendre dans les établissements dans toute la France pour parler de ce fléau avec les jeunes. Durant ses interventions, elle s’adresse aux victimes mais aussi aux harceleurs.(témoignage complet ci-dessous) Selon elle, ces enfants victimes de harcèlement doivent consulter un pédopsychiatre afin de se reconstruire et tenter d’oublier…
Retrouvez, ci-dessous, l’interview intégrale du Zoom Actu du vendredi 6 novembre sur le harcélement à l’école: témoignages de Bernard Valin enseignant au collège Allende à Rezé, de Marie-Pierre Destin la mère d’une victime et du Dr Thierry Demeillers, pédopsychiatre au CHU de Nantes.